Fuir pour vivre

 

 

Je suis toujours attirée par des « pas simples, pas rigolos, pas bien ». Comment est-ce que je fais pour être séduite par ces bons hommes qui ne sont pas bons ? Quand je parle d’un voyage en Italie, Pierre pense foot et pâtes. C'est tout ce qu'il imagine. Je lui dis Turin, il répond  Juventus, je lui dis Rome, il hurle « Stadio Olimpico » ! J'ai envie de le tuer.

L'Italie ? J'y suis allée autrefois avec un homme. Rome, Milan,  Vérone, Venise… Vérone où dans les arènes se jouait Don Quichotte avec Rudolf Noureev. Cet homme si gentil, cultivé, curieux de tout, intelligent et intéressant m'y avait traînée alors que je rechignais, sans autre raison que de lui déplaire. Et pourquoi ? Parce que tout simplement, je n'en étais pas amoureuse. C'est pas dingue ça ? Pourtant, je m'étais entêtée, persuadée  qu'un matin, j'allais me réveiller hyper dingue de lui. Le réveil n'a jamais sonné hormis la fin de notre histoire. Et me voilà avec un footeux qui ne l'est que devant la télé. Si au moins, il allait jouer le dimanche matin, je pourrai écouter du jazz ou encore mieux regarder pour la énième fois « Love actually ».

Ce film, je me le mets en boucle lorsque je suis seule. Pierre dit que ce sont des histoires débiles pour midinettes en vrac. Je ne suis plus une midinette et pour ce qui est du vrac, c'est davantage nous et notre histoire qui le sont. Ce que j'aime dans ce film ? Tout ! Les personnages avec leur vie comme elle va ou pas, leurs désirs, leurs peurs, leurs craintes, leurs peines. Je partage tout avec chacun. Je suis dans leurs bras, dans leurs baisers, dans leurs yeux ! Je suis partout avec eux et nulle part dans ma vie, seule, tristement seule avec un homme que je n'aime plus. Un homme qu'il faut que je quitte. Pour qui ? Le voisin qui me dévore des yeux ? Encore un cinglé. Non, il faut que je le quitte pour moi et que je m'applique ce que je répète à l'envi aux autres « On a deux vies. La seconde commence quand on a compris qu'on en avait qu'une ». Mais qu'est-ce que j'attends ? D'être vieille et plus désirable ? Qu'est-ce que je risque ? Je gagne ma vie à présenter le temps qu'il va faire. Mais le temps de ma vie, ciel sombre, jours pluvieux et nuits froides... Hier, au restaurant, c'était l'apothéose. Qu'est-ce que j'attends ? D'être dévastée comme Emma Thompson ou pleine d'espoir comme ce gamin de 10 ans fou d'une poulette de son âge ? Il est temps, vraiment temps de faire un choix.