- Mais Maman, tu m’avais promis !
- Les promesses sont comme les secrets : faut pas les tenir !
- Mais tu passes tes journées dans cette maison, t’en as pas assez ?
- Faut croire que non. Qui peut imaginer un endroit pareil à quelques kilomètres de la capitale ! Marion, j’adore cet endroit. T’as vu le cachet de cette baraque ? Cette grande pièce à vivre avec ses poutres apparentes et ses pierres, une splendeur. Les grandes baies vitrées, lumineux. Vue sur le jardin. Magnifique au Printemps
- T’as nettoyé la cheminée ?
- Prête pour l’hiver prochain. Allez, viens dehors. J’vais te montrer un p’tit coin de paradis. Faire de la varappe sur ces murs est tentant, non ? On se croirait dans le Luberon avec les melons en moins. À la place, foison de groseilles et de framboises, t’as vu ? Zieute un peu mon œuvre. C’est pas un p’tit nid d’amour ?
- Un endroit propice à la lecture et à la rêverie, j’adore ! Les fauteuils, le hamac, super ! Et tous ces livres. Très sympa. Mais, c’est mon berceau !
- Tu vas pas y retourner, quelle importance ! Un berceau bibliothèque, c’est pas ingénieux ? Quand je pense que ton père voulait le jeter. Tes grands-parents n’auraient pas apprécié
- C’est Papi qui l’a fait ?
- Pas du tout ma fille, pas du tout… Figure-Toi…
- Vous me la copierez Charles ! Ce berceau est dans ma famille depuis 1000 ans !
- Vous n’exagérez pas quelque peu Antoinette ? Avez-vous seulement conscience que ce que représentent 1000 ans ?
- Ne me prenez pas pour une bécasse, c’est agaçant. Et je vous le répète, je ne prêterai pas ce berceau à votre sœur. Elle n’a qu’à mettre son fils dans un panier
- En osier et l’appeler Moïse ?
- Qui est Moïse ? Et puis fermez la porte, j’ai froid. Cette pièce est si grande, la cheminée tire mal.
- Forcément, si personne ne remet des bûches
- Sonnez le domestique. Avec tous ces bois autour, il n’aura pas de mal à nous rapporter de quoi nous réchauffer. Et arrêtez de boulotter ces fruits dont j’ignore leur provenance
- Ces fruits méconnus poussent tout autour de vous. Les framboises et les groseilles vous sont si étrangères ? Quelle ignare, vous êtes
- Je déteste la campagne
- Comme vous y allez, Paris est proche. Vous n’évaluez pas non plus les distances !
- Je déteste ces poutres et ces murs épais. Et ces pierres mal mises, quelle horreur !
- Sortez Antoinette ! Sortez ! Allez vous promener dans les bois, le loup n’y est plus !
- Dors mon petit, ferme tes jolis yeux, maman veille sur son petit garçon.
- Il a pas froid notre petit ange ?
- La paille dans le berceau et le feu de cheminée lui tiennent chaud
- La toiture est fragile. Je vais m’en occuper, mettre des poutres, faire des murs en pierres pour repousser les bêtes sauvages.
