Vous en voulez en corps ?

St Germain en Laye, juin 2025. Avec ma pote Isa, on file au théâtre Alexandre Dumas dans cette ville où tous les quartiers sont imposables. Un spectacle nous attend et c'est là que chante ma pote Fabienne avec qui j'ai chanté pendant quelques années dans une chorale où les songs étaient des Negro Spirituals.  

Après un petit encas dans un bar à vins, on entre dans ce théâtre déjà bien rempli. Et vient s'asseoir à mes côtés un monsieur d'un certain âge, absolument charmant et voilà qu'on se tape la converse en attendant que les corps et les voix des choristes se mettent au diapason. 

 

Et de blablabla en blablabla, j'apprends qu'il est le papa de la cheffe de choeur. Ah, c'est-y pas rigolo ? Et pourquoi c'est rigolo ? Parce qu'en septembre dernier, j'avais passé l'audition pour intégrer cette chorale et rejoindre ma pote Fabienne avec qui j'ai chanté pendant des années. Et la cheffe de choeur m'avait remercié d'avoir fait un dimanche matin 30 bornes et d'ajouter "Euh... non, une prochaine fois peut-être" ! Grosse, très déception. J'étais rentrée à la maison en mode déprime. Et là, dans ce théâtre immense, c'est à mes côtés que le père de la poulette qui devient mon compagnon de spectacle pendant que mon vrai compagnon est en spectacle avec la dream team à Orange. Il est des coïncidences...

Alors, ce spectacle ? Oui, j'y viens ... Donc, de quoi va-t-on nous parler ? Du corps. D'accord. Et qu'est-ce qu'on va donc nous dire ? Le message essentiel : faire la paix avec lui ; apprendre à s'aimer tel que l'on est avec des kilos en trop, des bourrelets par ci par là ; cesser de le faire souffrir et de nous faire souffrir par la même occasion parce qu'on ne ressemble pas à ce que la société voudrait que l'on ressemble. Moi, j'aime bien ce discours qui demande de ne plus être esclave de notre corps. Les chansons sont terriblement bien choisies et surtout bien chantées mais ce qui me met au sol, ce sont les tenues : tout le monde en justaucorps. Et là, je suis ébahie. Le justaucorps ne cache rien même celles qui ont ajouté de la tulle autour des hanches ou des épaules savent bien que tout se devine, le spectateur a des yeux partout. J'applaudis le courage de toutes ces femmes ; il y en a pour tous les goûts, pour toutes les hauteurs et pour toutes les largeurs. Aucune ne ressort du lot et c'est justement ça qui est magnifique. La cheffe de choeur est comme ses choristes : short, haut moulant, jambes nues et une espèce de voile qui laisse les jambes libres. Magnifique ! 

Le body positivisme a quelque chose de rassurant. Il invite à s'accepter et à déculpabiliser. Une personne obèse n'est pas une femme qui se gave toute la journée. Pourquoi "femme" ai-je écrit ? Parce que ce sont souvent elles qui sont montrées du doigt et qu'on maltraite. On aurait tort de croire qu'elles se roulent dans tous les plats salés et sucrés de la planète. Il y a eu cette période faste de deux décennies environ où avoir des kilos en trop était assumé. Elle n'aura pas duré longtemps. Aujourd'hui, retour en force de la "maigritude" dans le genre plus on devine ton squelette, plus tu seras une bombe ma fille. Les réseaux sociaux s'excitent là-dessus et donnent le "la" auxjeunes filles qui n'hésitent pas à se mettre en danger : ne plus manger, se punir si on a faim, perdre l'estime et la confiance en soi "je craque sur du chocolat donc je n'ai aucune volonté, je suis une grosse nulle". Et comme sur les réseaux, les bombardements se multiplient pour perdre du poids et ressembler à quelqu'un qui sort des camps de concentration, on a quand même du souci à se faire.

La fin du spectacle ? Une chanson que j'adore "Danser encore". Le public est sollicité, je chante à tue-tête. Lumières rallumées, on s'pprête à partir et voilà le père de la cheffe de choeur qui en me saluant me gratifie d'un "Tu chantes vraiment bien !" Et là, j'ai eu envie de lui dire "Va le dire à ta fille qu'a pas voulu de moi !". 

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.